Cet article est d’abord une communication faite au colloque Villes atlantiques dans l’Europe occidentale du Moyen-Âge au XXe siècle, à Nantes en novembre 2003, sous la direction de Guy Saupin. Il a été publié dans un livre sous ce titre aux Presses Universitaires de Rennes en 2006 (pages 395-407). J’ai cherché à montrer d’une part qu’il était illusoire de prendre les Mémoires d’un touriste comme un guide pour entreprendre une visite sur les pas de Stendhal mais qu’il fallait les interpréter à partir des intentions littéraires de l’auteur. D’autre part, mon intention était d’expliquer la mauvaise réception du texte en 1838 en mettant en évidence les débats qui agitaient les élites nantaises à propos de la manière dont il fallait percevoir leur ville. Voici donc le texte :

Il s’agit dans cette communication de confronter ce que Stendhal voit de Nantes – disons plutôt son touriste qui est le narrateur de l’ouvrage paru en 1838 – avec ce que les Nantais pensent de leur ville, veulent donner à voir de leur ville, au sujet de laquelle ils débattent. Ce dernier point est essentiel : je propose de ne pas considérer les Mémoires d’un touriste comme une œuvre documentaire sur la ville mais comme l’œuvre originale d’un écrivain qui interfère avec le débat des Nantais sur l’identité de leur ville.
Même si les contemporains, c’est-à-dire les Nantais de la monarchie de Juillet, n’évoquent pas une identité « atlantique », au-delà des désaccords qu’ils ont entre eux, ils s’accordent sur l’identité portuaire de leur ville. Aussi, la représention que Stendhal leur offre ne pouvait que les heurter. Cette confrontation de Stendhal avec les Nantais a bien existé. Nous en avons la trace à travers un compte rendu critique des Mémoires paru dans le journal nantais Le Breton en 1838. C’est peu mais je vais essayer cependant d’en poser les enjeux en montrant que les Mémoires d’un touriste constituent un document au caractère particulier et en décalage avec les représentations exprimées.
C’est en observant les décalages de ce genre qu’il est possible de penser la construction de l’identité d’une ville comme Nantes, identité qui s’affine, se construit, se reformule sans arrêt. Je renvoie aux débats nantais actuels autour de la notion de métropole, qui ne sont pas seulement des débats pour nommer, pour qualifier, mais comme dans les années 1830, des débats sur l’avenir d’une ville et dans lesquels, les énoncés sur l’identité de la ville sont aussi des arguments utilisés par des acteurs économiques et sociaux, avec en jeu depuis deux siècles, la question du port, du lien et de la place de la ville avec le reste du monde.
Je traiterai d’abord du contexte des Mémoires d’un touriste, puis de la nature singulière de l’œuvre, et enfin je verrai dans quels débats Stendhal et ses Mémoires s’insèrent et pourquoi ils viennent heurter la représentation en train de s’affirmer autour de la « ville-port ».

1 – Le contexte des Mémoires d’un Touriste
Stendhal écrit dans une période particulièrement riche en production de textes et d’images, tant à l’échelle nationale que de celles des provinces ou des villes. Leur présentation, même rapide, permet d’exposer le contexte de la construction des représentations de Nantes.

– Images et récits : quête et production d’une identité
La première moitié du 19e siècle est un moment important dans la production des récits, particulièrement des récits illustrés de voyages pittoresques. C’est même entre 1820 et 1838 que ce type d’ouvrage connaît son apogée1 grâce au développement de la lithographie comme procédé de reproduction.
Une des motivations, exprimée par les auteurs – on pense au baron Taylor et à Charles Nodier « hantés par la disparition des monuments anciens2 » – c’est la quête du patrimoine. Il s’agit de faire resurgir un passé oublié avant qu’il ne soit trop tard tant le caractère inéluctable de la disparition est ancré dans les esprits. La redécouverte du passé, le plus souvent limité au Moyen-Âge3, s’effectue alors à travers un récit archéologique dans lequel texte et images ont des objectifs différents. Le texte donne à lire une histoire qui contribue à la construction d’un « passé national ». Cette même période, propice à la production d’images des monuments, est en effet celle qui voit aussi l’émergence d’une autre histoire. Avant les réflexions sur une histoire scientifique, fondée sur l’analyse critique des sources, le récit historique des années 1820-1830 est marqué par les essais narratifs des historiens libéraux, Barante, Thierry ou Guizot. La vérité est dans le détail, dans la complétude de la description. La finesse des récits, la précision du vocabulaire et la couleur locale dans les noms des personnages, notamment chez Augustin Thierry, fondent une nouvelle représentation du passé et ancrent la monarchie de Juillet dans « une continuité historique tenue pour la pierre de touche de la civilisation française4 ». Sous l’impulsion de Guizot, Prosper Mérimée joue un rôle essentiel dans la recherche de l’identité nationale. Ses voyages en France – il vient dans l’Ouest en 1835 – contribuent à « baliser l’itinéraire national à l’aide des monuments les plus typiques5 ».
Cette émergence du passé national s’effectue parallèlement à la découverte des provinces. La production des images inscrit cette découverte dans une temporalité qui explique les intérêts subits pour telle ou telle partie de l’espace français : d’abord la Normandie et la région parisienne, le Dauphiné et l’Auvergne dans les années 1818-1830, puis des régions plus éloignées, comme la Bretagne, les Pyrénées ou la Provence après 1830 6. L’essor conjoint d’une littérature et d’une histoire régionale correspond à l’émanation d’une « culture provinciale élaborée dans des cercles érudits7 ». Au sein de sociétés savantes nombreuses à se créer sous la monarchie de Juillet, et de plus en plus spécialisées, des professions diplômées, médecins, avocats, ingénieurs, architectes et professeurs, s’emploient à mettre leur province en livres d’histoire et en annuaires statistiques. Ce sont les mêmes qui rédigent les guides à l’attention de l’étranger ou du voyageur dans le but de leur faciliter la lecture et la compréhension des lieux visités8. Ils fournissent alors des modèles d’exploration particulièrement intéressants parce qu’ils correspondent aux représentations que se font les élites de ces lieux, vallées fluviales, littoraux ou villes. Cet aspect est essentiel pour la compréhension de notre étude du passage nantais des Mémoires d’un touriste. Quand Stendhal vient à Nantes en 1837, une abondante production d’images et de textes a contribué à présenter la ville, et particulièrement à en baliser la visite, à mettre en évidence certains aspects.

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Le port Maillard et le château, eau-forte de Samuel Cholet, 1830

– Les images, les récits et les discours sur Nantes
Ils sont assez nombreux dans la première moitié du 19e siècle mais leur production et leur diffusion sont inégales et il importe de nuancer l’apport de tel texte ou l’intérêt de telle image restés confidentiels. Ainsi, doit-on faire un sort différent au beau texte de Fortuné du Boisgobey9 qui nous montre la force de certaines représentations de Nantes, et aux guides de voyage, comme celui de L’étranger à Nantes de l’éditeur Forest ou Le conducteur de l’étranger à Nantes de Chapplain, plusieurs fois réédités.
Nantes est sur le trajet de nombre de voyageurs, écrivains et artistes. Venant de la Bretagne par la route de Vannes ou bien d’Angers par la Loire, les visiteurs séjournent de quelques jours à une semaine. On remarque que leur regard dépend alors de ce qu’ils ont préalablement observé. L’étonnement d’Arthur Young, agronome anglais, sensible au progrès de l’agriculture comme aux archaïsmes, est à son comble quand il arrive à Nantes, qu’il décrit comme un symbole des Lumières incarnées dans les monuments et surtout la salle de spectacle, après avoir traversé une journée durant les landes désolées de la Bretagne du sud. Michelet vient aussi du Morbihan et s’intéresse à la continuité bretonne des paysages et des monuments. De ce point de vue, son sentiment est contrasté. Nantes est une « capitale peu bretonne de la Bretagne » écrit-il10. Quant à Mérimée, occupé à décrire les monuments dignes de l’attention de l’Etat, c’est-à-dire ceux antérieurs à l’âge classique, il porte peu d’attention à la ville. Mais ses jugements sont importants, ils s’insèrent dans un débat sur la place du monument dans la ville que des fractions éclairées des élites locales mènent depuis les années 1820, avec peu de succès dans le but d’empêcher les destructions. Après Mérimée, l’esprit change à Nantes. La lecture du monument se modifie. Quant aux images produites sur Nantes depuis la fin du 18e siècle, elles peuvent être classées en deux catégories : celles qui mettent l’accent sur la Loire et la fonction portuaire de la ville et celles qui ont comme thème les monuments11.
Le thème portuaire que nous observons à travers des représentations du quartier maritime de Nantes est essentiel dans les premières décennies du 19e siècle. Il prolonge la mise en images des ports de France accomplie de façon quasi systématique depuis Vernet et Ozanne. Sans doute la signification de ces représentations portuaires a changé. On observe aussi une diversification des points de vue, avec des images de la Loire fluviale depuis le quartier de Richebourg, en amont des ponts, de la confluence avec l’Erdre ainsi que des îles jusqu’à la Fosse, en aval. Ces dernières images du bassin maritime de Nantes sont cependant plus nombreuses et tendent à constituer au cours du 19e siècle la représentation idéale de la ville comme port de commerce maritime12. À partir du milieu des années 1830, on voit croître l’importance du thème monumental avec la multiplication des images du château et du vieux quartier nantais du Bouffay puis l’émergence de vues concernant la cathédrale et les églises de Nantes. On peut accorder au passage de Prosper Mérimée et à la publication de ses Notes de voyages dans l’Ouest ce changement d’attitude vis-à-vis du monument. Sans véritable enthousiasme pour la richesse monumentale de la ville, l’Inspecteur général a cependant noté l’intérêt du tombeau sculpté par Michel Colombe pour François II et Margueritte de Foix. Il a fait quelques remarques sur l’abandon de la collégiale Notre-Dame ou la destination peu adaptée d’une grande salle gothique du château transformée en magasin à poudre. Les propos sont laconiques mais suffisent à provoquer l’élan nécessaire. Les monuments, à commencer par la cathédrale, devront être préservés, restaurés et mis en valeur. Ils deviennent l’objet d’une publicité sans précédent, ils intéressent les littérateurs et les artistes.

2 – Stendhal à Nantes
Stendhal effectue un premier séjour à Nantes du 2 au 9 juin 1837. Son journal indique qu’il y revient en octobre de la même année, du 15 au 22. C’est pourtant un texte bien singulier qu’il présente dans les Mémoires.

– Un texte plein de curiosités
En effet, quand on lit attentivement le texte, on ne peut que relever des oublis, des erreurs, des curiosités et cette lecture suscite alors chez l’historien des doutes. Stendhal est venu à Nantes en 1837 mais qu’y a-t-il fait, notamment les deux premiers jours ? Est-il resté dans son hôtel pour écrire ? Le 5 juin, il affirme en effet avoir corrigé « Nantes », donc son texte pour les Mémoires, puis il ajoute, sans doute quelques heures plus tard : « Le 5 juin 1837, Nantes. Cours et château découverts, ce matin 13». Stendhal aurait donc rédigé pendant deux jours sa partie sur Nantes avant d’avoir effectué la moindre visite ?
Ce n’est pas la seule curiosité du texte. On peut en relever d’autres au fil du récit. Ainsi, le touriste dit arriver, le 25 juin 1837, d’Angers par le vapeur, mais il ne voit rien de l’entrée dans la ville. Pire, il débarque à la Bourse alors qu’en 1837 14, l’arrivée du vapeur d’Angers s’effectue au Port-Maillard, près du château, précisément face à la rue des États, c’est-à-dire assez loin de son hôtel, place Graslin. Il ne dit rien des quais entre le château et la Bourse, ni du quartier du Bouffay15, pourtant pittoresque, qu’il lui a fallu traverser. Il ne parle jamais de l’île Feydeau dont l’architecture des hôtels est déjà signalée dans les guides nantais comme remarquable, ni de l’île et de « l’hôtel Deurbrouq16 ». Il ne nomme jamais le quai de la Fosse. Peut-on venir à Nantes, se promener sur ce quai, rencontrer des Nantais et n’entendre jamais ce nom ?
Pour expliquer ces curiosités, il est nécessaire de penser la nature particulière d’un texte sur l’origine duquel le doute subsiste. Les Mémoires d’un touriste ont pu faire l’objet d’une commande de l’éditeur Ambroise Dupont mais Stendhal fut peut-être aussi influencé par les Notes écrites par Mérimée lors de ses voyages en France. Il reste que Stendhal a l’idée d’écrire quelque chose de très différent de la traditionnelle littérature de voyage. Il entend faire une œuvre littéraire. Cet aspect-là nous semble essentiel pour la compréhension de son exposé nantais. Son personnage est un marchand de fer qui se déplace en France pour rencontrer ses clients. Bien sûr, il visite mais sa manière de traverser le pays et de voir le monde ne manque pas d’originalité. Il s’agit alors d’en comprendre la nature.
À propos des curiosités, qu’il est facile de relever dans les textes, et singulièrement dans le récit de son séjour à Nantes, Georges Kliebenstein pense qu’il n’y a chez Stendhal ni chronologie ni topographie rigoureuses. « Les anachronismes, ne sont pas de l’ordre du lapsus, de la distraction et des « problèmes de la personnalité », mais relèvent d’une technique (ou plutôt de plusieurs) ». «Stendhal orchestre, prémédite des dyslocalisations… Toute une esthétique du caprice… brouille les rapports de l’écriture et du référent». Pour le spécialiste, c’est une série de « fausses fautes17 ».
Par ailleurs, le récit se compose des aventures du voyageur, souvent anecdotiques, de ses rencontres, visites et découvertes et surtout des pensées du narrateur. Le narrateur expose en permanence ses réflexions de morale, d’économie politique mais surtout ses pensées littéraires et artistiques. Stendhal nous offre aussi de nombreux récits d’histoire. Le tout se présente sous la forme d’un journal de voyage. Les objets du discours stendhalien et les sujets de réflexion se succèdent sans ordre particulier, comme la juxtaposition de fragments. On a pu évoquer à son sujet une « esthétique du fragment » car les Mémoires sont composées de morceaux divers, réels ou inventés, « prélevés sur la durée du voyage (…) et insérés dans un nouveau montage », avec des « blancs intentionnels ou tout simplement provoqués par l’oubli18 ». Stendhal invente « l’art de parler de tout à bâtons rompus, sans prétendre à l’objectivité ». « Voilà ce qu’on avait jamais vu avant 1838 et qui constitue l’originalité du travail de Stendhal » considère Victor del Litto19.
Ajoutons enfin que l’auteur est venu à Nantes avec à l’esprit, l’ébauche d’un nouveau roman, Le Rose et le Vert. Stendhal s’est donc promené dans la ville l’esprit préoccupé par ce projet. « Par conséquent, il lui est arrivé de ne pas faire attention à ce qu’il voyait20 ». On veut bien croire le commentateur. Il lui faut donc utiliser les autres pour composer son ouvrage. Stendhal a beaucoup recopié. Il s’est abondamment servi dans Millin et surtout dans Mérimée. Il a emprunté aussi aux guides de voyage21 et aux notices de musées. Mais le voyage de son touriste n’a rien d’une description pittoresque. Comme nous l’avons dit, c’est une œuvre littéraire avant tout. Les lacunes ou les oublis de l’auteur sont compensés par des moments de dialogue, des anecdotes qui semblent faire passer le temps et surtout des références littéraires et théâtrales.
Les contemporains, hostiles ou admiratifs, sont sensibles à cette manière d’écrire22. Pour s’en tenir à la critique nantaise, il n’échappe pas au rédacteur du Breton que « la description d’une carliste remplace la description » de Nantes23. Le problème est que Stendhal doit considérer cela comme un procédé  littéraire et que le journaliste nantais y voit davantage une imposture.

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Extrait du Journal de Stendhal

– Une vue cavalière de Nantes
Au-delà des procédés littéraires, pour comprendre la vision stendhalienne de Nantes, il faut lire son journal, et ce qu’il y écrit à l’endroit de son séjour nantais me semble fondamental : « À 4 heures, le 5 juin, mon ballon qui porte mon imagination, au lieu de se tenir en A, comme hier, va trop haut (comme les filets de …) et monte en B. De cette hauteur je n’ai plus qu’une vue cavalière des objets, et non une vue pittoresque ; de là, grande difficulté à écrire. Cela vient de la promenade de trois heures de ce matin dans Nantes24 ». Une vue cavalière et non pittoresque des objets ! C’est Stendhal qui souligne et nous offre ainsi la clé de son séjour et de son écriture. Ses Mémoires d’un touriste sont, non seulement une œuvre de littérature, mais vraisemblablement une œuvre de fiction. Stendhal ne cherche pas à décrire la ville. Il la parcourt en romancier avide de capter des images, des caractères. Ses portraits sont des études qui l’aident à penser ses personnages. Stendhal est tracassé par le personnage de l’abbé de Miossince, le touriste voit des prêtres partout. La femme au chapeau vert devient Mina. Les rencontres du touriste donnent du corps aux remarques de Stendhal ou servent de faire-valoir au narrateur. Que lui importe qu’il donne l’image d’une cité grande ouverte à la religion et au légitimisme. Bien sûr qu’il y a des prêtres et des carlistes à Nantes mais la ville est plutôt un isolat libéral et la bourgeoisie n’a pas retrouvé les chemins des églises, comme le montrent les travaux des historiens depuis trente ans. Que cherche t-il alors ?
Ce qui intéresse Stendhal dans une ville, surtout une « grande ville » et, de ce point de vue, Nantes en est une, c’est sa capacité à donner à penser. C’est pourquoi il y vient avec l’espoir que se déclenchera le mystérieux mécanisme qui a fonctionné à Marseille dans la nuit du 25 au 26 octobre 1829 for the Rouge, c’est-à-dire en ayant l’idée du roman qui deviendra Le Rouge et le Noir25. La grande ville est un milieu propice à la création. Stendhal y séjourne en créateur.
Si l’on adopte ce point de vue, c’est-à-dire l’intention de l’auteur, pour comprendre le texte, les recherches obstinées menées par des érudits depuis des décennies pour découvrir l’identité des personnages rencontrés par le touriste perdent beaucoup de leur intérêt. La jeune femme au chapeau vert pourrait avoir été la petite-fille de l’architecte Mathurin Crucy ; la maîtresse de maison du restaurant place Graslin aurait pu être Juaquina Fernandez ; Julien Pépin de Bellisle serait M. de B. ; M. Jam serait vraisemblablement Benjamin Poydras de la Lande et la muse manquante sur le palais de la Bourse serait Terpsichore, déesse de la danse. Voilà effectivement des points d’information que les auteurs avancent au conditionnel mais ces données n’aident pas à restituer le sens du texte de Stendhal car les pages sur Nantes ne constituent pas une description réaliste, « pittoresque » disait l’auteur lui-même. Je ne pense pas qu’il s’agit d’« un tableau précis et vivant des réalités26 ». Stendhal nous livre une conception de la ville, un point de vue d’artiste sur la société, et un point de vue nécessairement politique. Pour l’historien, les Mémoires d’un touriste rassemblent des représentations sur Nantes qui s’insèrent implicitement dans les débats sur la ville, son identité, son avenir.

3 – Stendhal et les débats sur l’avenir de Nantes
Force nous est de constater la contradiction qui existe entre les représentations de Nantes exprimées par le touriste et les images que la ville entend diffuser. Vers 1838, même si les élites nantaises ne s’accordent pas sur une démarche économique, elles perçoivent de façon identique les images qu’il est utile de promouvoir.

– L’existence d’un débat
L’objet du débat est l’avenir de Nantes et nous pouvons distinguer deux partis soutenant des idées différentes27. D’un côté le négoce, mais plus largement le milieu lié au commerce maritime et au port, donc les armateurs, les capitaines, les raffineurs et bien sûr les négociants. Ce lobby maritime constate les difficultés économiques du port depuis la perte de la grande île à sucre, Saint-Domingue, en 1804, et son objectif est le maintien du commerce colonial en favorisant la culture du sucre à La Réunion. Ses moyens d’actions sont variés : pression sur la Chambre de commerce, de la mairie et du préfet, et surtout diffusion de mémoires et pétitions, souvent directement auprès des pouvoirs parisiens, pour faire diminuer les droits d’importation du sucre de canne et taxer le sucre de betterave. À partir des années 1830 et jusqu’à la fin du siècle, le combat du lobby maritime s’oriente sur l’aménagement de la Loire. Il rencontre les intérêts des ingénieurs des Ponts et Chaussées qui font de ce dossier, à l’intérieur du Service maritime de la Loire, une priorité28.
L’autre acteur collectif du débat sur l’avenir de Nantes est ce que j’ai nommé le « courant industriel ». Il est représenté principalement par les élites capacitaires, avocats ou médecins mais aussi des ingénieurs Arts et Métiers qui ont développé de petites entreprises, particulièrement actives à la Société académique et dans la fondation de la Société industrielle. Ces capacités s’expriment longuement dans les colonnes des revues et journaux. Leur idée majeure est que le développement de Nantes doit passer par son ouverture au marché intérieur. « La Bretagne, la Vendée, le bassin de la Loire, voilà notre domaine ! » écrit Guépin en 1833 29. Mais il ne suffit pas de réorienter le marché, il faut aussi encourager et développer « les arts mécaniques », autrement dit l’industrie. Les capacités sont actives dans la promotion de l’industrie et leurs initiatives nombreuses. En 1837, l’exposition industrielle de Nantes révèle au public une idée qui fait son chemin : Nantes est en train de devenir une ville industrielle. Le poids croissant des industriels dans la ville et dans la Chambre de commerce contribuera à promouvoir un compromis dans la représentation de la ville. À la fin du 19e siècle, il ne fait de doute pour personne que Nantes est un « port commercial et industriel ». Mais dans les années 1830, la question de l’avenir économique de Nantes est encore conflictuelle. Pour le courant industriel, le monde du négoce est un obstacle dans la mutation souhaitée. Émile Souvestre résume en janvier 1837 les reproches formulés. Évoquant tour à tour le caractère timoré des négociants nantais, leur goût pour les opérations restreintes, leur peur des combinaisons nouvelles, il estime que « c’est surtout cette couardise financière qui a déterminé la diminution progressive de leur commerce ». Il existe des solutions bien sûr : « déchue de son importance maritime, [Nantes] cherche à se constituer en ville industrielle mais les résultats obtenus jusqu’à présent ne peuvent être regardés tout au plus que comme des espérances ». Et Souvestre ajoute en note de bas de page : « L’esprit peu entreprenant des commerçants nantais est une des causes de la lenteur des progrès industriels30 ». La critique est sévère et souvent reprise. Elle constitue un leitmotiv dont j’ai constaté la persistance jusqu’à une époque récente31.
On remarque cependant que la notion de port, c’est-à-dire la caractérisation de Nantes comme ville portuaire, n’est pas une représentation contestée. Elle serait même partagée par les acteurs malgré leurs désaccords sur les modalités de faire fonctionner, mais aussi d’aménager ce port32. Ainsi, les discours et les images sur Nantes reflètent une certaine unanimité autour de cette représentation.

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Panorama de Nantes par Martens

– Le meilleur souvenir de Nantes
Dans les années 1830, la description et la représentation imagée empruntent de plus en plus à une forme particulière : le panorama. Le mot apparaît à la fin du 18e siècle et au début du siècle suivant. Il est couramment employé pour parler de « ces vastes paysages observés sur le terrain depuis une hauteur33 ». La vision panoramique se développe rapidement comme une pratique touristique mais elle possède avant tout un caractère scientifique : elle est « la métaphore du regard savant34 ». La perception de la totalité, ou du moins d’une impression de totalité, permet à l’observateur de dominer les grandes masses, les lignes directrices, en même temps que les détails significatifs. Le panorama est un outil pour exprimer le caractère d’un paysage, donc d’un lieu. Aussi n’est-il pas étonnant que les descriptions de Nantes empruntent peu à peu cette figure.
Abel Hugo, dans son Département de Loire-Inférieure, Description pittoresque, topographique et statistique35, fait un sort particulier à Nantes et à son port : « On ne peut rien imaginer de plus beau que la vue du port de Nantes », écrit-il en introduction de son paragraphe « aspect général », et avant d’énumérer les objets de son admiration. Citons seulement la dernière phrase : « tout cela se présente simultanément aux regards et compose un panorama qu’on a souvent comparé à la vue de Constantinople36 ». Mais ce sont les quais qui correspondent le mieux à la représentation panoramique : « Les quais qui forment la bordure du port de Nantes, établi sur la Loire, ont plus de trois quarts de lieue d’étendue, depuis Richebourg jusqu’à la Sécherie, et l’on a le projet de les étendre encore… Cette magnifique ligne offre sur tous les points le spectacle du mouvement continuel ; on y voit des barques et des bateaux occupés sans interruption à charger et décharger les marchandises…37 ». D’autres encore développent l’idée à partir d’un point haut, la tour du Bouffay. C’est le cas de la description panoramique du Conducteur de l’Étranger à Nantes. Mais pour rendre l’image du port, concrète et admirable, il est nécessaire d’en réaliser l’observation depuis la rive sud, à la manière des représentations anciennes de Nantes38.
Un panorama est justement réalisé, en 1837-1838, c’est-à-dire au moment où Stendhal s’intéresse à Nantes. Nous ne connaissons rien des conditions de sa commande sinon qu’il est commercialisé par l’éditeur nantais Forest. Son catalogue en fournit un descriptif particulièrement précis. Nous le reproduisons parce qu’il guide le regard sur les éléments importants du paysage urbain.
« Panorama de Nantes, dessiné et gravé par Martens ; magnifique estampe gravé à la manière noire. Demi-feuille grand aigle en long. 6fr.
Le Panorama de Nantes est pris du haut de la dernière maison de l’extrémité de l’Île Gloriette, dite le Bout-du-Monde. L’artiste ne pouvait pas se mettre dans une position plus favorable. Le Panorama comprend tout ce que le regard peut embrasser, depuis le quai de Richebourg jusqu’au quai de l’Hermitage. On y voit les ponts Maudit et de la Belle-Croix, derrière lesquels apparaît la Promenade du Port-Maillard et Richebourg ; l’Île Feydeau, sur le devant de laquelle la maison des Bains et la promenade de la Petite-Hollande sont d’un aspect si gracieux ; les quais Brancas et Flesselles derrière lesquels s’élèvent la vieille tour du Bouffay et la masse imposante de la Cathédrale ; la place du Commerce, le pont et la promenade de la Bourse ; le quai de la Fosse dans toute son étendue, depuis la maison dite des Tourelles… jusqu’aux Chantiers de constructions ; plus loin viennent les Salorges, le quai de l’Hermitage, et, par-dessus, tout le coteau du Moulin-des-Poules et le quartier du roi Baco. – Ce tableau, si consciencieusement dessiné, qu’on y retrouve avec la plus grande exactitude les plus légers détails, est habilement gravé. La Loire chargée de navires et d’embarcations de toute espèce, la circulation nombreuse de voitures et de personnages, les quais couverts de marchandises, donnent à ce Panorama un air de vie et de nature qu’il était difficile de pousser plus loin. En somme ce Panorama fait honneur au crayon et au burin de M. Martens. C’est le meilleur souvenir de Nantes que puisse emporter l’étranger, le présent le plus flatteur à adresser à l’ami absent, et ce doit être aussi le principal ornement du cabinet de l’habitant de Nantes.
Le Panorama de Nantes a 92 centimètres de long (34 pouces) sur 25 centimètres de large (9 pouces), sans y comprendre les marges39 ».
Derrière les formules de la réclame, il est intéressant de constater que le Panorama de Martens semble être le point de vue idéal sur la ville, celui qui rassemble l’ensemble des éléments signifiants du paysage, tant du point de vue touristique qu’économique. C’est dans cette image et à travers son commentaire que se trouve la représentation sur laquelle les élites nantaises semblent s’accorder. Elle est très éloignée de la représentation qui émerge du voyage stendhalien.

– La critique des Mémoires d’un touriste
Au moment de la sortie du livre de Stendhal, l’éditeur fait paraître quelques bonnes feuilles dans la presse nationale. C’est sans doute à travers elles qu’un Nantais prend connaissance de l’ouvrage et en livre une critique dans Le Breton. Il y exprime sa déception de n’avoir pas retrouvé dans le travail de Stendhal ce que tant d’autres voyageurs avaient évoqué avant lui et ce n’est pas sans ironie, lui aussi, qu’il écrit : « Ce qu’il [Stendhal] admire avant tout, c’est l’humble grille de la promenade de la Bourse et le magasin de bijouterie de la rue Jean-Jacques. Quant à l’esprit de la ville, de son port et de ses quais, pas un mot40 ». Quelques lignes plus loin, à propos du passage de Stendhal au théâtre, il note encore avec ironie : « Le Parisien est tellement captivé par le talent de l’acteur qu’il était à même de voir tous les jours dans la capitale qu’il oublie de parler de la salle et de regarder l’apparence de la société bretonne ». Du point de vue de ce Nantais, et on peut penser qu’il reflétait une opinion partagée, Stendhal n’a rien vu, rien compris. Il utilise « un procédé économique pour écrire un voyage d’observation ». En fait, une fois les pages nantaises refermées, il semble qu’il reste tout à dire. Même certaines de ses remarques positives s’accordent peu avec l’image rêvée de la ville. Le touriste a bien noté, deux fois, l’intérêt de ce beau quai de la Loire, « si bien orné et à si peu de frais et parcouru en tous sens par des gens affairés ». Bien sûr que « c’est toute l’activité d’une grande ville de commerce ». Mais c’est faible. Surtout quand le touriste considère, deux fois aussi, que la Loire est un fleuve « gâté par les îles ». Et que dire de ces promenades où le touriste ne voit pas la modernité de Nantes ? C’est ainsi qu’il parcoure, encore deux fois, la chaussée de la Madeleine sans relever la présence des usines, nombreuses dès cette période, qui confèrent à la ville son caractère industriel. Sans doute s’agit-il pour Stendhal des « laideurs de la civilisation » sur lesquelles il est vraiment inutile de s’attarder41. Ne retient-il pas de cet épisode que la laideur du pont et le pavé qui le cahote si cruellement ? L’activité de la ville l’intéresse, mais c’est une activité pour rêver.

Comme je l’ai proposé, il n’est pas possible de comprendre ce texte sans référence à l’intention de l’auteur et à son souci de de pas verser dans le pittoresque. Son point de vue est celui qu’il exprime dans son journal : un point de vue cavalier sur la ville. Je crois qu’il faut l’entendre dans tous les sens du terme : en perspective, certes, mais aussi de manière hardie, impertinente, manquant de considération. Le point de vue de Stendhal n’a donc rien à voir avec celui de Martens qui cherche à valoriser le port en le mettant en scène, avec une précision méticuleuse, parce que cela répond à la commande et que cela correspond à la vision idéale de la ville qui va dominer pendant plus d’un siècle. Il est celui de l’artiste à la recherche d’une esthétique littéraire, inspiré par l’agitation de la ville et fort peu tracassé par les réalités des contemporains.

[1] – Caroline Becker-Jeanjean, Les récits de voyages pittoresques publiés en France entre 1770 et 1855, Thèse de l’Ecole des Chartes, 1999.

[2] – Françoise Mélonio, Naissance et affirmation d’une culture nationale. La France de 1815 à 1880, Paris, Seuil, 1998, p. 183.

[3] – Le Moyen-Âge concerne 60 à 70% des monuments mentionnés par Fréminville (1827-1837), Mérimée (1836) et Taylor (1845) selon Sophie Cassagnes-Brouquet, « La redécouverte du patrimoine médiéval breton », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, n°107-4, 2000.

[4] – Dominique Poulot, Patrimoine et musées. L’institution de la culture, Paris, Hachette, 2001, p. 117.

[5] – Françoise Mélonio, op. cit., p. 159.

[6] – Jean Adhémar, La France romantique. La lithographie de paysage au 19e siècle, Paris, Somogy, 1997 (1ère édition 1937), p. 56. Pour la Bretagne, le livre de référence est la thèse de Denise Delouche, Peintres de la Bretagne. Découverte d’une province, Publications de l’UHB – Klincksieck, 1977. Voir aussi le texte de cette auteure dans Bretagne, terre des peintres, Editions Cloître, 2003.

[7] – Sur cette question qui accorde de l’importance aux modalités de production du discours provincial, il faut remarquer les travaux de François Guillet, notamment sa thèse, Naissance de la Normandie. Genèse et épanouissement d’une image régionale en France, 1750-1850, Caen, Annales de Normandie, 2000 et « Entre stratégie sociale et quête érudite : les notables normands et la fabrication de la Normandie au 19e siècle », Le Mouvement Social, n°203, avril-juin 2003, p. 89-111.

[8] – François Guillet, « Le tourisme dans l’Ouest de la France d’après les guides de voyage dans la première moitié du 19e siècle », Recherches contemporaines, n°6, 2000-2001,p. 255-282.

[9] – Fortuné du Boisgobey, Voyage en Bretagne, 1839, Rennes, Editions Ouest-France, 2001.

[10] – Jules Michelet, Carnet de Bretagne, Rennes, Terre de Brume, 1997, p. 41.

[11] – La notion de monument est à prendre ici au sens large, incluant autant les édifices religieux que les maisons à colombage du vieux Nantes. Il faut dire que le mot est loin d’avoir une acception claire. Ainsi le château des ducs n’est-il pas considéré comme un monument par certains, mais seulement vue comme une caserne et une poudrière dangereuse.

[12] – C’est ce qui ressort d’un comptage des images de Nantes recensées dans Iconographie de Nantes, Nantes, Musée Dobrée, 1978.

[13] – Stendhal, Œuvres intimes, tome 2, Gallimard, collection La Pléiade, Paris, 1982, p. 297.

[14] – Le voyage du touriste est décalé par rapport à celui de Stendhal. Il est à Nantes du 25 juin au 2 juillet.

[15] – Le 1er juillet, le touriste dit consacrer sa journée aux monuments publics. Il parle donc en deux lignes du château du Bouffay, dont ne reste quasi rien en 1837. Recopie t-il un guide ?

[16] – Guide l’étranger à Nantes, Forest, 1838.

[17] – Georges Kliebenstein, « Dysmimésis stendhalienne », in L’année stendhalienne, n°2, 2003, p. 137-159.

[18] – Michel Arrous, « Le narrateur dans les Mémoires d’un touriste », in Le journal de voyage et Stendhal, actes du colloque de Grenoble, textes recueillis par Victor del Litto et E. Kanceff, Genève, Slatkine, 1986.

[19] – Victor del Litto, présentation de l’œuvre de Stendhal, in Voyages en France, Paris, Gallimard, collection La Pléiade.

[20] – Id., p. 1097.

[21] – En particulier, selon V. del Litto, op. cit., p. 1159, le Guide pittoresque du voyageur en France, paru à partir de 1834.

[22] – Voir les comptes rendus du livre dans Voyages en France, op. cit., p. 887-951.

[23] – Id., p. 889.

[24] – Journal, op. cit., p. 297. Je remercie Georges Kliebenstein, spécialiste de Stendhal, de m’avoir fourni des explications au sujet des filets évoqués dans le Journal. Stendhal utilise plusieurs fois dans ses différents ouvrages l’apologue des « filets trop hauts », attribuée à Thucydide, et qui révèle un contexte ironique voire auto-ironique construit par l’auteur.

[25] – Journal, op. cit., p. 1159.

[26] – A. Chantreau, « Stendhal à Nantes », Annales de Nantes et du Pays nantais, n°287, 2003.

[27] – Sur cette question, je renvoie à mon livre Le temps des capacité, Paris, Belin, 2000, p. 75-104.

[28] – Voir la thèse d’Anne Vézier, Nantes : Le port maritime. Une histoire culturelle de l’aménagement au 19e siècle, dactylographié, Nantes, 1997, et mes travaux : « Construire leur accord. Ingénieurs des Ponts et Chaussées et paysans des îles dans l’estuaire de la Loire (19e – 20e siècles) », Genèses, n° 40, septembre 2000 et « Le bac ou le chenal ? Identité locale contre projet d’Etat dans l’estuaire de la Loire », in J.-G. Petit et A.-L. Sanguin, Les fleuves de France Atlantique. Identités, espaces, représentations, mémoires, Paris, L’Harmattan, 2003.

[29] – Ange Guépin, « Le passé et le commerce de Nantes », Annales de la Société académique de Nantes, 1833, p. 29-41.

[30] – Émile Souvestre, « Nantes », Revue des Deux Mondes, 1837, p. 61-62.

[31] – Le temps des capacités, op. cit., p. 100.

[32] – Sur les débats nantais, voir aussi la thèse de géographie de Georges Gayrard, Production et transformation de l’espace urbain nantais, de la Révolution à la Seconde Guerre mondiale, dactylographié, Nantes, 1993.

[33] – Serge Briffaud, « Le panorama. Naissance d’un paysage idéal (18e-19e siècles) », in Évolution et représentation du paysage de 1750 à nos jours, colloque de Montbrison, 1996, p. 461.

[34] – Id., p. 466.

[35] – L’édition de 1835 est reproduite dans Abel Hugo, Jules Verne, Adolphe Joanne, La Loire-Inférieure, Éditions du Bastion, sl, 1990.

[36] – Id., p. 69.

[37] – Id, p. 70.

[38] – Plusieurs gravures du port de Nantes circulent au 17e siècle. Voir Nannetum Vuelgo Nantes, se vend à Amsterdam chez Frédérick de Wyt, MDCLVII, in Iconographie de Nantes, op. cit.

[39] – Guide de l’étranger à Nantes, Forest, 1840.

[40] – Voyages en France, op. cit., p. 888.

[41] – Xavier Bourdenet, « Les laideurs de la civilisation », in L’année stendhalienne, op. cit., p. 9-42.

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